Plus étendu que la France et trois fois moins peuplé, le Texas est toujours une terre de chevaux. Mais le temps de la conquête de l'Ouest étant révolu, il est surtout celui des engins motorisés aujourd'hui ! Un rassemblement de motards se présentant comme "l'un des plus grands des Etats-Unis", avec plus de 50 000 motards sur trois jours et quelques 200 000 spectateurs du défilé du vendredi soir l'a d'ailleurs récemment rappelé.
A notre arrivée dans la capitale, il y a neuf mois, nous avons pourtant décidé de garder nos habitudes européennes en souscrivant des abonnements aux deux services d'autopartage de la ville (Zipcar, équivalent d'Autolib' ou de Cité Lib, et Car2go, opéré par l'Allemand Daimler et fonctionnant avec des Smart). Cela nous permettait de rester fidèle à nos convictions écologiques et d'éviter de mener une vie trop sédentaire en n'achetant pas de voiture.
Mais voilà, neuf mois plus tard, force est de constater que nous ne pouvons pas prendre le bus ni le vélo aussi souvent que nous voudrions. Les distances sont plus importantes qu'en France, les réseaux de transports en commun et de pistes cyclables bien moins bons et le climat nettement plus chaud. De plus, les centres-villes sont nettement plus chers que les autres quartiers, où il faut une voiture pour se déplacer. Alors le mercure grimpant et la perspective d'un grand road trip dans l'Ouest américain (pour lequel la location d'une voiture s'avère franchement pas donnée pour des gens comme nous, qui n'ont pas déjà une assurance automobile) approchant, nous nous sommes finalement décidés à acheter une voiture.
Après avoir fait la tournée des concessionnaires automobiles par au moins 35° Celsius à l'ombre, je peux vous dire qu'on ne soupçonne pas le choc culturel que peut susciter une telle entreprise ! Au-delà de la taille disproportionnée des véhicules (et aussi de certaines concessions...) par rapport à l'Europe, nous avons été sincèrement choqués de constater qu'un foyer comme le nôtre, qui cherche une bonne occasion pour dépenser le moins possible n'a tout bonnement aucune garantie sur la bonne marche du véhicule, même en s'adressant à des professionnels. Par contre, la loi texane prévoit la possibilité pour l'acheteur d'amener le véhicule qui l'intéresse chez un garagiste afin de le faire inspecter avant de l'acheter. A ses frais bien sûr ! Et cela coûte la bagatelle de 100 à 150 dollars...
Une fois de plus, nous vérifions qu'on ne prête qu'aux riches et que mieux vaut avoir de l'argent pour que tout se passe bien aux Etats-Unis. Car les modèles plus récents, eux, sont généralement couverts par une garantie. D'où cette impression de marché à deux vitesses. Et qu'il faut tout le temps se défendre quand on n'a pas des moyens mirobolants.
Heureusement, cette épopée automobile a aussi été l'occasion de rencontres sympas, avec un commercial francophone car haïtien, un Républicain convaincu mais qui travaillait visiblement dans une concession car il ne pouvait pas se permettre de partir à la retraite, une p'tit jeune qui n'en veut et qui voulait absolument nous faire souscrire un prêt (car toutes les concessions accordent des prêts sans avoir besoin de se pencher sur votre historique de crédit, si, si !), un Latino prêt à faire toutes les réparations du monde sur la vieille Ford que nous avons essayée pour nous la refourguer et une flopée de mécanos y allant de leurs conseils d'achat.
Voilà comment fonctionne l'économie marché au royaume du libéralisme (enfin... sauf quand il s'agit d'importations de produits agricoles, de foie gras ou de Roquefort !), avec un exécrable vendeur Mazda qui nous expliquait que, oui, il voulait bien croire que la Honda Odyssey qu'il proposait à la vente faisait un bruit suggérant une grave problème de transmission, mais que c'était à prendre ou à laisser, qu'il ne pouvait pas nous en dire plus, qu'acheter une occasion c'était toujours un pari... Nous n'avons pas fait ce pari et nous pouvons nous permettre de risquer 100 à 150 dollars dans une expertise mécanique qui pourrait nous amener à ne pas acheter le véhicule inspecté. Mais comment font les 20 % de pauvres d'Austin ? Et comment se fait-il qu'ils ne saccagent pas plus souvent les énormes pickups et les 4x4 rutilants des gens aisés par dépit ?
Surtout dans un contexte où le nombre d'accidents monte en flèche et la part des piétons tués parmi les morts de la route augmente. Selon le Statesman, 32 accidents mortels ont été enregistrés à Austin au cours des cinq premiers mois de l'année, contre 20 l'année dernière à la même époque. Dans la moitié des cas, ce sont des piétons qui ont été tués (contre 25 % en 2009 et 2010 et 40 % en 2011). Autant j'apprécie les belles mécaniques qu'on voit ici, autant je pense que les Texans doivent modifier leur rapport à la route.
Tiens, ça me fait penser à un autre inconvénient de l'autopartage ici : quand on roule en Smart, tout le monde nous fait des queues de poisson sur l'autoroute. Les autres conducteurs ne supportent qu'une voiture aussi petite aille à la même vitesse que leur gros calamantran !
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