dimanche 2 février 2014

Mes cinq activités préférées à Austin

Comme je le racontais dans mon dernier post de blog, j'ai eu du mal à démarrer l'année. Depuis sa publication, j'ai eu une grosse bronchite et réalisé un reportage qui n'a pas été publié. Mais aussi pris conscience de la chance que j'ai de vivre à Austin, une ville où l'on peut :
- manger dehors en plein hiver,
- mais aussi voir la ville couverte d'un fin manteau blanc,
- rouler sur un périph' offrant une jolie vue sur un paysage vallonné,
- improviser des déjeuners aux mets cosmopolites avec ses copines,
- se faire couper les cheveux dans la dépendance d'une maison où a vécu Janis Joplin,
- déguster de délicieuses bières artisanales
- et voir Les Goonies ou le concert donné par James Brown au lendemain de l'assassinat de MLK au cinéma,
- tout en s'impliquant dans des organisations internationales et caritatives
- et en identifiant de nouvelles opportunités professionnelles.
J'ai fait tout cela depuis que je suis rentrée de voyages il y a quatre semaines. Et je me suis dit qu'il fallait que je partage ici ces plaisirs austinites !

Voici donc la liste de mes cinq activités préférées à Austin, sans hiérarchie (l'ordre ci-dessous correspond plutôt au scénario d'une journée idéale) :

1) Faire le tour du Lady Bird Lake aménagé sur le fleuve Colorado à hauteur du centre-ville
Le bonheur commence avant même d'arriver aux rives du lac, puisqu'il est possible de les rallier en suivant l'un de ses affluents : Shoal Creek, Waller Creek, et Barton Creek au Sud, ainsi que Eanes Creek, West et East Bouldin Creek et Blunn Creek, mais je n'ai jamais vérifié l'existence de sentiers le long de ces dernières rivières. La présence d'eau dans ces cours d'eau n'est pas garantie et après un orage ils deviennent des torrents en furie. Mais ils sont moins fréquentés que les bords du lac et c'est assez magique de quitter une artère encombrée pour disparaître entre les arbres et suivre une brèche dans le calcaire jusqu'à déboucher sur la vaste étendue de Lady Bird Lake.
Si l'on doit se déplacer en voiture, il y a toute la place de se garer sous le pont de Mopac (l'interstate 1), côté Nord comme côté Sud.
De là, on peut opter pour le canoë ou le kayak, voire l'aviron ou le paddle board. Etre sur l'eau permet de repérer facilement les tortues faisant la sieste sur les racines d'arbres.
Mais rester sur la rive permet de faire des crochets pour voir la Lance Armstrong Bikeway, les animaux à adopter à l'Austin Animal Center (ouvert tous les jours de 11h à 19h) ou pour se prendre en photo devant le pont artistiquement tagué de la voie de chemin de fer depuis la passerelle piétonne longeant le pont de Lamar.
On passe ensuite devant l'ancienne usine Austin Energy, de style art déco, et sur un petit pont enjambant Shoal Creek. A cet instant du parcours, je me prends toujours à rêver de ce à quoi ressemblera le quartier quand le projet d'aménagement Seaholm Power aura pris forme entre Lamar Boulevard et San Antonio Street.
En attendant que la nouvelle bibliothèque municipale centrale, une salle de spectacles et de nombreux commerces, bars et restaurants y soient construits, on peut toujours aller se faire une toile au Violet Crown Cinema ou déguster de la viande fumée à Lambert's BBQ avant de traverser le lac par la passerelle piétonne longeant le pont de First Street. Il n'y a qu'un pâté de maison à remonter par San Antonio ou Guadalupe Streets depuis le lac !
Côté Sud du Colorado, on peut découvrir des artistes émergents ou prendre des cours d'arts plastiques au Dougherty Arts Center (ouvert de 10h à 21h du lundi au jeudi, 17h30 le vendredi, 14h le samedi), arpenter le nouveau Butler Park, voire y jouer au golf et, en soirée, voir une représentation au Zach Theater, un opéra ou un ballet au Long Center.
Ou plus simplement, en restant sur le sentier au bord de l'eau, faire coucou au guitariste Stevie Ray Vaughan et aux canards généralement stationnés près de la pseudo pagode proche du pont. C'est aussi le coin où l'on peut laisser son chien évoluer en liberté.
Pour traverser Barton Creek, il faut remonter la rivière jusqu'à la passerelle piétonne située peu avant le pont de Barton Springs Road. C'est l'occasion d'admirer le bleu particulier de cette rivière, avant de retrouver le lac à hauteur de Lou Neff Point, qui offre l'un des meilleurs points de vue sur les tours du centre-ville d'Austin.
Quand la lumière du soleil couchant se reflète sur les fenêtres des immeubles, c'est vraiment magnifique. Mais j'aurais du mal à choisir entre ce point de vue et celui de Zilker Park concluant cette boucle. On peut y visiter le jardin botanique d'Austin ou lézarder sur les rochers de la Rock Island située au milieu de la pelouse et la vue de la skyline est parfaite.

2) Se baigner à la piscine de Barton Springs
Zilker Park accueille aussi la piscine de Barton Springs (ouverte de 8h à 22h, dès 5h en semaine, de fin mars à fin septembre, sauf les jeudis de 9h à 19h), ce grand bassin aménagé à même le rocher, à la sortie de sources fournissant une eau toujours fraîche (environ 20°C, même quand il fait 40°C à l'extérieur). Avec ses quelques 800 000 visiteurs annuels, elle constitue un symbole d'Austin. Mais plus que son emplacement central, son cadre naturel et son caractère d'oasis, c'est l'atmosphère qui y règne qui rend Barton Springs si particulière.
La municipalité raconte qu'on y voyait des baigneuses aux seins nus dans les années 1970. Et encore aujourd'hui, les abords du bassin donnent parfois l'impression de voyager dans le temps, à une époque insouciante où l'on jouait de la guitare sous les arbres et on libérait les corps.
Quand on me demande si je me suis bien adaptée à la vie à Austin, j'aime bien raconter une anecdote de nos premières semaines dans la capitale du Texas. Nous avions la chance d'être logés à quelques pas de Barton Springs et y avons passé de délicieux moments en amoureux, mais sans nous épancher publiquement.
Ce n'est pas notre style. Et puis un voisin ayant étudié à Boston nous avait prévenu que, si nous nous embrassions trop langoureusement en public, on nous conseillerait de "prendre un chambre" ! Sauf que lors d'une de nos premières baignades à Barton Springs, nous avons vu une scène relativement rare en Europe : un couple lesbien s'embrassant plusieurs minutes d'affilée montre en main en plein milieu du bassin.
C'est ce jour-là que nous avons commencé à toucher du doigt ce qui rend Austin originale. Et c'est pourquoi Barton Springs est selon moi un passage obligé pour toute personne découvrant Austin.
Si on visite le coin hors saison, on peut toujours s'imprégner de l'ambiance du quartier en visitant les sentiers alentours. Et si la piscine est fermée pour son nettoyage hebdomadaire (le jeudi de 9h à 19h), on peut se rafraîchir au pied de la cascade en contrebas ou bien remonter la rivière jusqu'à la plage de grands rochers plats calcaire située après les premiers coudes de Barton Creek. Elle se trouve en contrebas de villas cossues, mais il y règne une ambiance de Woodstock.
En parlant de Woodstock, Barton Springs est aussi le complément idéal du festival ACL se tenant chaque automne dans Zilker Park. Quoi de mieux en effet pour se remettre d'une chaude journée de concerts et enchaîner sur une soirée non moins musicale qu'une baignade rafraîchissante ?
Je déconseille la buvette jouxtant la piscine. Mais il suffit de traverser la rivière pour trouver un excellent choix de cafés, restaurants, brasseries, bar à jus de fruits, etc. sur Barton Springs Road (avec une préférence personnelle pour Uncle Billy's Brew & Que).

3) Aller voir un film à l'Alamo Drafthouse
J'en parlais déjà en introduction de ce billet : les cinémas Alamo Drafthouse d'Austin ont une programmation exceptionnelle.
Rien qu'au cours du premier mois de l'année, en plus des derniers Spike Jonze (Her), Martin Scorcese (Le loup de Wall Street) et autres films actuellement à l'affiche, on pouvait y voir :
- le Brazil de Terry Gilliam (1985),
- Les aventuriers de l'arche perdue de Steven Spielberg (1981),
- Les lumières de la ville de Charlie Chaplin (1931),
- Les Goonies de Richard Donner (1985),
- le Monty Python, sacré Graal de Terry Jones et Terry Gilliam (1975)
- le Raging Bull de Martin Scorcese (1980),
- et les Seize bougies pour Sam de John Hugues (1984).
Tous ces films font partie de la sélection des cent meilleurs films de l'Alamo qui sera projetée nationalement au cours de l'année (oui parce que la petite chaîne de cinémas austinite est maintenant à Dallas/Fort Worth, El Paso, Houston, Lubbock et San Antonio, mais aussi en Californie, dans le Colorado, le Michigan, le Missouri, l'Etat de New York et en Virginie). Et le montage vidéo de cet sept premiers titres donne un aperçu du génie cinématographique de l'Alamo.
Je ne peux malheureusement pas l'intégrer dans ce billet. Mais je ne résiste pas au plaisir de partager cet autre clip culte, expliquant une règle sévèrement appliquée à l'Alamo : on ne parle pas et on n'envoie pas de textos pendant les films. Une cliente mécontente d'avoir été sortie du cinéma sans remboursement pour avoir enfreint la règle (c'est la sanction prévue) a laissé un message énervé sur le répondeur de l'Alamo et voici ce qu'ils en ont fait :
Et avant la présentation des films à l'affiche, les bandes annonces et l'injonction au silence, on peut voir des extraits de vidéo en rapport avec sa séance.
Tout cela est bien gentil me direz-vous, mais est-ce que voir des classiques sur grand écran justifie de payer sa place 10$ + 2,50$ de frais de réservation en ligne (car beaucoup de séances affichent complet, parfois plusieurs jours avant la séance) ? Eh bien oui, car l'Alamo Drafthouse c'est aussi, comme son nom l'indique, une excellente sélection de bières. Et on y mange également très bien. Les frites à la sauce aux truffes de ce mois-ci étaient fantastiques par exemple. Et je crois que je n'aurais pas dû tester le trio de cookies chauds quand on est allé voir Les Goonies. Je vais avoir envie de recommencer à chaque fois maintenant ! (Quoi que les milkshakes, dont certains contiennent de l'alcool : les adultshakes à la Guinness par exemple, sont aussi très tentants...)
Et puis, bien souvent, il ne s'agit pas simplement de visionner un classique, mais aussi :
- de déclamer ses répliques favorites du film (séances Quote Along),
- de rire à l'interprétation des pensées des personnages par des comédiens assis dans la salle (séances Master Pancake)
- de siffler, crier, taper des mains, etc. à des moments clés du film (séances Action Pack)
- voire carrément de chanter et danser. En janvier, on pouvait ainsi participer à un Sing Along Britney Spears (second degré garanti).
Avec le film musical du lundi (Music Monday), le film d'horreur du mardi (Terror Tuesday), le film étrange du mercredi (Weird Wednesday), les assortiments de mets, boissons et films, les brunchs comédies musicales, etc. ces soirées spéciales rendent les cinémas Alamo Drafthouse uniques. Et c'est pourquoi, même si Austin affirme être la capitale mondiale de la musique live, je préfère souvent aller au cinéma qu'au concert.

4) Observer la faune humaine de la sixième rue
C'est une activité nocturne, à exercer en sortant d'une séance à l'Alamo Ritz par exemple, de préférence en fin de semaine ou lors d'une occasion particulière comme Halloween, Republic of Texas Bikers Rally ou Pecan Street Festival (le premier weekend de mai et le dernier weekend de septembre). Mais on n'est jamais déçu : même un soir pluvieux de semaine, on peut entendre les sons mélangés d'une demi-douzaine de concerts dans des bars, d'un SDF tapant sur des seaux en plastique et des portiers appâtant le chaland à coups de promotions. Un soir tard, j'ai même aperçu une femme torse nu et ce n'était visiblement pas une Femen ni une danseuse professionnelle prenant sa pause (qui aurait au moins porté des cache-tétons).
L'essentiel du tronçon situé entre Congress Avenue et l'autoroute I35 est fermé après 22h, du jeudi au samedi, pour faire place à un assemblage d'étudiants plus ou moins ivres, de visiteurs médusés et de personnes respectables d'âges divers venues s'encanailler sur "Dirty Sixth Street" (par opposition à West Sixth Street et aux autres rues du centre-ville, globalement plus respectables). Donc même si l'on ne goûte pas particulièrement l'atmosphère cacophonique et fortement alcoolisée de ce genre de lieux, je trouve que ça vaut le coup d'affronter le bruit et la foule pour profiter de ce rare espace piéton et observer cet étrange assemblage.
Sans compter qu'on peut avoir de très bonnes surprises musicales, même si l'acoustique est rarement idéale. La programmation du pub irlandais BD Riley et du bar Friends sont ainsi d'un bon niveau. Et c'est sur Sixth Street que se trouve The Parish, l'une des bonnes salles de concert d'Austin, avec le Mohawk et Stubb's BBQ, situés à moins de deux pâtés de maison, sur la rue perpendiculaire et tout aussi animée Red River.
Ce qui rend Sixth Street unique, c'est aussi la petitesse des bâtiments qui la longent.
De ce côté de Congress Avenue, seul l'historique Driskill Hotel construit fin XIXe par un magnat du bétail se détache. Et comme il se trouve côté Nord de la rue, dans le premier pâté de maison en arrivant de Congress Avenue, la vue sur les immeubles du centre-ville reste dégagée.
Depuis la terrasse d'un restaurant comme l'Iron Cactus, on peut donc voir les petits immeubles en brique de Sixth Street au pied de belles tours modernes comme la Frost Bank Tower symbole d'Austin.
Et si vraiment on n'en peut plus du vacarme et qu'on ne veut pas aller plus loin, on peut toujours se réfugier dans le bar à banquettes couvertes de peaux de vaches du Driskill Hotel. Ambiance Far West et feutrée garantie.

5) Faire les courses à Wheatsville Coop
OK, pour clôturer cette journée idéale à Austin, j'aurais pu trouver mieux que la corvée de courses. Mais on a tous saturé du resto en voyage et ressenti un fort besoin de verdure en road trip dans le Sud et l'Ouest américains. Or le magasin Wheatsville Coop situé au croisement de Guadalupe Street  avec la 31e et son petit frère de South Lamar (ouvert à hauteur du Ben White Boulevard à la fin de l'été dernier) détiennent sans aucun doute la meilleure sélection de fruits et légumes d'Austin.
Et puis cet établissement ouvert en plein milieu des années 1970 et encore un symbole du bon vieux Austin libéral échappant encore et toujours à la course à la croissance semblant animer le reste de l'Etat. Quitter les tours du centre-ville et du quartier du campus pour ce petit bâtiment surmonté d'un dinosaure et se voir accueillir par un grand sourire d'un employé heureux de travailler dans ce magasin qui prend soin de ses collaborateurs, c'est un bonheur qui vaut bien que l'on se détourne à la fois de WholeFoods (même si le siège social du roi du bio américain se trouve en plein centre) et de Central Market (même si le premier magasin europhile du groupe HEB a été créé, avec grand succès, à Austin, sur North Lamar).
Je dois toutefois reconnaître que leurs terrasses respectives sont autrement plus vastes et agréables que celle de Wheatsville (pour ce qui est du magasin de Guadalupe en tout cas, je n'ai pas encore testé celui de South Lamar). Mais c'est bien le seul inconvénient que je reconnais à mon magasin alimentaire préféré d'Austin !
Je me contente aujourd'hui de Fresh Plus à défaut d'avoir trouvé un logement convenable à un prix convenable près de Wheatsville. Mais en plus de partager ses bénéfices avec ses clients-sociétaires et ses salariés, la coop n'est pas trop grande, offre un excellent rapport qualité prix et les produits dont un Européen aux Etats-Unis a le plus de mal à se passer comme de bons fromages ou de la crème fraîche (parce que la crème sûre, non, vraiment, ça n'a pas le même goût) à des prix accessibles.
Le magasin est ouvert tous les jours de 7h à 23h, alors aucune excuse pour ne pas s'y arrêter faire le plein de fraîcheur pendant votre visite à Austin.

Voilà. J'ai laissé beaucoup de choses de côté. Mais ces cinq activités constituent vraiment le must d'Austin selon moi.
Et vous, quel est votre top cinq ?